A 5h30 du matin un taxi vient me chercher. J'embrasse Astou et Ramata en plein sommeil. La veille elles m'ont souvent dit que leur maison était la mienne, que je pouvais y rester autant que je voulais, y manger, dormir, m'y chauffer de l'eau pour me laver, y danser comme bon me semble. Elles me considèrent comme faisant partie de la famille maintenant! Mama Rama, soeur Fastou, Coumba, Dia, Mama Dia, vous êtes dans mon coeur!


Je me présente à la grande gare Pikine de Dakar à 6h du matin. Il y a des départs en bus ou taxi collectif pour les villes principales de Dakar, le Mali, la Mauritanie... On me propose de m'asseoir à côté d'un monsieur, sûrement parceque nous avons la même destination. On se présente, discute, partage nos pommes et croissants. Pendant ce temps, Dembo Sy s'occupe de trouver les passagers qui rempliront les 7 places de notre vieille Peugeot. On paye nos parts du trajet (prix fixé à 13000 cfa+ 1000 si bagage). Le même principe qu'au Maghreb. A 7h20, on est au complet et les bagages sont chargés dans le coffre et sur le toit. Et il y a une échelle aussi ¿!


Tous les passagers sont des hommes et resteront silencieux durant le début du trajet. Chacun a à peine la place de caler ses épaules et ma tête touche le plafond dès que je la tourne à gauche!


On fait d'abord une pause essence. Puis gonflage de pneus. Peu de temps après, le chauffeur s'arrête à nouveau et s'en va environ 15 minutes... On fera quelque autres pauses pour le reste du trajet pour se dégourdir les jambes et une pour manger. A un moment mes fesses sont tellement engourdis que j'ai l'impression d'avoir fait 3 fois d'affilée le col de Vence!


A chaque traversée de grandes villes, le chauffeur stop la voiture sur le bas côté. Et une dixaine de vendeurs de mandarines et gâteaux se cole aux vitres, se bouscule pour passer leur bras par les fenêtres afin de nous proposer leur marchandise en criant leurs prix.


Je fait la rencontre de Abdalaï.

Il me parle du palu, de la guerre sainte, des djiadistes, du terrorisme, de l'histoire du prophète Mahomet.

Il me raconte l'aventure d'immigrés, de traversée du désert ou en bateau. De serpent. De vent.

Et puis de son histoire à lui; de la guerre du Congo, d'une marche de 20 jours avec sa femme enceinte et leur fils, de la traversée du fleuve, de sa boutique abandonnée sous les balles, du retour chez lui après l'émeute, d'un cadavre même.

De sa famille; sa femme au Congo, ses enfants, Omar et Aminata.

Son autre femme à Dakar, son travail de menuisier, son marché, sa cuisine congolaise.

Et puis de sa petite fille emportée par une pneumonie, des pleurs de sa femme.


J'écoute avec intérêt, fascination, émotion, plaisir. Je ris parfois. Je crois que je n'oublierai jamais les valeurs de cet homme. Merci Abdalai pour ton récit.



Après 12 heures de voiture, la soirée avec ma nouvelle famille d'acceuil annonce une semaine extra...