Ces dix derniers jours, j'ai pris des tas de petits chemins. Certains m'ont conduite vers un enseignement, un ami, d'autres vers une émotion, une fête...


D'abord, à vélo, sur des sentiers de terre mi rouge mi sable, en direction du jardin le matin, de la plage l'après-midi. La maison à mi distance. Parfois on s'embourbe, parfois on se fait interpeler (draguer, demander en mariage patati patata), parfois on trace!


Au jardin, Landing me montre avec fierté l'organisation qu'il a choisie pour SON jardin. Car chaque jardin varie en fonction de l'accès à l'eau, des observations faites sur les récoltes précédentes (fini les insecticides qui tuent ses canards!), des types d'attaques (les singes et les sauterelles, ça change de nos petites souris!), de la morphologie du jardinier, des connaissances et des conseils recueillis... Ici Landing arrose à coup d'arrosoir à une vitesse impressionnante. Quand j'en fais 2, il en fait 6! On dispose de 2 puits, quelques tuyaux et une pompe qu'il envisage de faire tourner au solaire pour se débarrasser du bruit et de l'essence.

Il a choisi de cultiver sur des buttes au pied de ses orangers. Cela permet d'arroser d'une pierre deux coups et apporte plein d'autres avantages. Autour de chaque butte: de la citronnelle, de la menthe et des oeillets d'inde pour éloigner les insectes. Depuis, je suis une experte en repicage! On peut varier les activités en cueillant les piments ou en regardant les oignons pousser.

Le paillage est plus simple que dans le nord désertique grâce à la végétation dense de la brousse. Le râteau me semble plus efficace et la brouette plus petite!!


A la plage, je me retrouve comme un poisson dans l'eau. Une joie intense m'envahit au premier bain!

Abdoulaye, dans sa petite cabane, remarque vite mon aisance dans l'eau. Il parait faire office de surveillant mais je pars en fou rire quand il me dit qu'il ne s'est jamais trempé plus haut que les genoux. Comme beaucoup de gens des villages alentours. On convient d'un cours de natation dès le lendemain à condition qu'il trouve une chambre à air (je vous laisse découvrir la création en photo).



Pour la petite histoire, le lendemain, quand je dis à mon élève que j'ai rêvé d'un lion dans la nuit, il a explosé de joie en m'expliquant que ses amis le surnomme "keur de lion".


"Keur de lion" et "la reine de la mer" deviendront de fidèles amis durant plusieurs jours.

Je me souviens bien de nos balades en jakarta, de ses dreads qui me fouettent le visage, de nos cris de joie, du cobra qui nous traversa la route. Lors de nos échanges, il apporte une réponse complète à chacune de mes questions. Ses façons d'être et de s'exprimer ont le don de me faire rire (je crois que c'est réciproque). Il a toujours un mot gentil, une attention et je lui apprends tout ce qui me vient.

Nous partons cultiver l'art de la danse et de la musique bien rythmée de la Casamance: un premier aperçu au carnaval de Kafountine et une bonne pratique aux "soirées dansantes". J'attire l'attention des amateurs de Reggae party! Ici le roi, c'est Bob!


A la maison, la Teranga n'étant pas au rendez-vous, j'accepte difficilement la situation puis décide de passer mon chemin.


Keur de lion me conduit avec tristesse vers ma nouvelle maison. "Même si quelque chose te gratte, tu m'appelles d'accord?"