Quelques jours avant mon retour à Dakar, Ousmane m'appelle de l'embarcadère: "Claire, le ferry est plein pour la Casamance!". Ok, pas de ferry. Mais il doit bien y avoir d'autres types de bateaux en partance... Je me mets à scruter sur google satellite les côtes littorales de Dakar. Je repère quelques voiliers parmis des centaines de pirogues. C'est le centre de voile de Dakar (CVD), allons-y! J'explique cela à mon taximan qui me prend pour une folle. On parvient à trouver le lieu. Je tombe d'abord sur Aurèle et Alice qui ont la même idée que moi: le bateau stop! Eux attendent depuis 3 semaines un départ pour le cap vert. Puis si dieu le veut, toujours droit devant, la transatlantique! Le CVD leur laisse le droit de suspendre leur hamac durant la longue attente pour quelques francs par nuit.

A l'eau, une dixaine de bateaux de voyage. A terre, des pirogues en réparation. Des déchets aussi. "Le voilier rouge là-bas va t'emmener, me dit Iba, repasse demain, le proprio sera là! Je lui parlerai de toi." Une première impression d'atmosphère positive.


Dès le lendemain, je me représente au centre pour continuer mon enquête auprès des skippers, pêcheurs et ouvriers. L'espoir fait vivre!

Christian, le propriétaire du voilier rouge va bientôt remettre à l'eau pour une traversée jusqu'au cap vert et souhaite naviguer seul. Je comprends que les départs sont rares mais me réjouis de voir que ma demande est entendable. Je me sens aller vite comme un poisson dans l'eau, l'ambiance est bonne et il serait plus judicieux de rester sur place pour mettre toutes les chances de mon côté pour trouver à covoyager. Sur des recommandations, c'est à Stan que je demande de m'héberger. La belle particularité est qu'il loge sur son voilier! Je me retrouve donc à embarquer mon sac sur son zodiac et à m'installer dans une couchette. Ça tangue, c'est cool! Pendant plusieurs jours, je me laisse porter par les vagues: déplacements dans Dakar en taxi, vélo ou jakarta à la recherche d'un sac de couchage et d'un tatami (en walof on dit que si tu as une langue tu ne te perds jamais! me confie Mor). Je finis par trouver le duvet au bout de 7 marchés et le tatami à l'autre bout de la ville! J'ai eu la chance de participer activement à deux sorties en mer sur le voilier de Stan qui m'ont offert de superbes sensations... La découverte du monde de la marine est fascinante: de nombreuses manoeuvres techniques et un vocabulaire bien spécifique. Quelques bains de mer polluée et froide. Du vent. Des poissons. Du café touba. Des feux de bois. Des apéros franco-sénégalais.

Toujours pas de nouveaux voiliers ni de catamaran à l'horizon mais une enquête qui s'est transformée en une semaine pleine d'excursions complètement inattendues


Je finis par bénéficier de désistements sur le ferry Dakar-Ziguinchor et surtout de la générosité et l'aide d'Ibrahim, un agent de sécurité de l'embarcadère. Merci Ibrahim de m'avoir mise (en haut?) sur la liste d'attente. Pourquoi s'est-il autant démené pour moi? Je trouve une partie de la réponse dans son regard puis à travers une petite discussion... Départ pour la Casamance dont on m'a tant parlé! Le périple suit son cours.


Voyager c'est aussi s'arrêter pour mieux avancer. Parfois c'est renoncer et réajuster tout en gardant son "fil rouge". Mais vous ne vous imaginez pas à quel point cela donne à rêver davantage! Une activité à temps plein quoi!

J'embrasse tous mes lecteurs. La bise pour les intimes.